Yanis Varoufakis est en campagne. L’ancien ministre grec des Finances, chantre de la lutte contre l’austérité, va se présenter aux élections européennes, en Allemagne. De passage en France, il est l’invité de “L’Interview éco”, lundi 18 février.
Depuis quelques mois, après des années de crise, l’économie grecque retrouve des couleurs. La croissance est de retour. Le chômage recule. Le pays peut à nouveau se financer sur les marchés. Pourtant, pour Yanis Varoufakis, cette reprise est un leurre. Il évoque même “un univers alternatif où chaque grand mensonge est construit sur de petites vérités. Pourquoi le chômage a-t-il baissé ? Parce que nous avons perdu 700 000 jeunes très qualifiés. Ils ont émigré. C’est pour ça que le chômage a baissé ! La Grèce est transformée en désert. Et ils appellent ça la paix ou la réussite !”
L’économiste juge l’Europe “déconstruite” et critique “l’establishment qui célèbre son triomphe”. “Lorsqu’il y a un tel clash entre la réalité et la propagande, c’est que le problème est grave”, conclut l’ancien ministre.
Il faut un parti modéré, mais significatif en France et en Europe (…) pour résoudre le problème avec les banques, fonder un programme anti-pauvreté.
Yanis Varoufakis
à franceinfo
Pourquoi se présenter aux élections européennes en Allemagne, pays dont il a pourfendu la politique économique ? “Si vous voulez transformer l’empire romain, il faut commencer par Rome. Quand vous voulez lutter contre l’austérité et le néofascisme – le parti Alternativ für Deutschland – il faut commencer au cœur de l’Allemagne. Il faut commencer par Berlin”.
En France, Benoît Hamon, fondateur du parti Generation.s veut faire de Yanis Varoufakis le leader de la gauche européenne. Le Grec le sera-t-il ? “J’espère, répond l’ancien ministre des finances. Les gens sont là, le mouvement est là. Quel que soit mon capital, je veux le mettre au service de ce mouvement”.
Yanis Varoufakis rêve d’un “parti modéré, mais significatif en France et en Europe”, pour préparer “ce qui doit se produire demain, fonder un new deal vert et résoudre le problème avec les banques, fonder un programme anti-pauvreté”.
Progressistes et écologistes ensembles pour un “new deal vert”
En France, les “gilets jaunes” rejettent les politiques de droite comme de gauche. La gauche ne peut pas incarner l’avenir dans ces conditions pour Yanis Varoufakis, car “la gauche a échoué”. Mais il ajoute : “Ensemble, les progressistes, les écologistes (…) si on est autour de la table et qu’on se met d’accord sur un programme commun, ça sera la solution. Les ‘gilets jaunes’ sont les enfants de l’austérité de ces dernières décennies. Ils se conduisent mal, ils peuvent être graves, mais nous cueillons ce qui a été semé pendant des dizaines d’années par les libéraux.”
Yanis Varoufakis : “‘Les gilets jaunes’ sont les enfants de l’austérité des dernières décennies”